Conférance de presse01

Conférence de presse sur la situation nationale

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Le Président de Vision Burkina Kiemdoro Dô Pascal Sessouma a animé un point de presse le samedi 14 mai 2022 à Ouagadougou, essentiellement axé sur la situation nationale. Devant un parterre de chefs de partis politiques et les médias, il a livré sa lecture des événements en cours au Burkina Faso et fait des propositions de sortie de crise. Ci-dessous la déclaration liminaire du président Sessouma.

Front du Refus des Egarements de la Transition

Mesdames et messieurs les responsables des partis politiques et des organisations de la société civile

Mesdames et messieurs du monde la presse

Militantes, militants et sympathisants de Vision Burkina

Merci d’avoir répondu présents à notre invitation pour cette conférence de presse qui sera essentiellement axée sur la situation nationale.

Mais tout d’abord je vous prie de voue lever pour une minute en mémoire des FDS, VDP et citoyens innocents tombés pour la patrie. Ayons une pensée particulière pour un soldat que je considérais comme un fils, le sergent Roger Bazemo, membre des forces spéciales Cobra, tombé au cours d’une attaque à Magodara.

(Minute de silence)

Je vous remercie

Ainsi donc, depuis ce 24 janvier 2022, l’armée a évincé le MPP et ses alliés du pouvoir, à la grande joie de beaucoup de Burkinabè qui espéraient et continuent d’espérer que ce changement augurera de jours meilleurs pour la paix et la sécurité au Burkina Faso. Au lendemain de la chute de Roch, Vision Burkina avait insisté sur la prudence à observer pour la suite des événements, et nous ne pensions pas si bien dire.

Le présidium

Nous sommes de ceux qui plaident pour plus de tolérance envers les nouvelles autorités, car en 2 ou 3 mois, difficile d’accomplir des miracles notamment sur le plan crucial de la sécurité. Cependant le temps écoulé a permis de mesurer le degré d’improvisation des nouveaux dirigeants, signe palpable qu’ils n’étaient sans doute pas préparés à assumer le pouvoir d’Etat. Oui, selon le déroulement des événements du 24 janvier 2022, et selon l’évolution de la situation sécuritaire et la gestion du pouvoir d’Etat, nous sommes en droit de poser la question que se posent bon nombre de Burkinabè : Damiba a-t-il réellement perpétré un coup d’Etat contre Roch, ou alors c’est Roch qui a remis le pouvoir à Damiba, sous le maquillage d’un coup d’Etat ? Au nom de l’article 1er de la charte traitant des 27 valeurs et principes de la Transition qui portent notamment sur la vérité, nous voulons connaître la vérité, le peuple a le droit de connaitre la vérité. Que s’est-il réellement passé ce 24 janvier 2022 ?

La mise en place de la commission technique d’élaboration de la charte et l’agenda de la transition a exécuté sa mission dans les délais impartis, et ses recommandations ont été royalement foulées au pied par des assisses nationales qui n’ont rien retenu de l’histoire politique de notre pays. En marginalisant les hommes et les femmes politiques, et en donnant la possibilité à des membres de ce même gouvernement de créer plus tard des partis politiques pour aller aux élections, c’est trahir l’esprit de la transition, en créant de facto et de jure une concurrence déloyale avec les autres partis.

En refusant la gratuité des mandats des députés de l’assemblée législative de la transition tel que recommandé par le comité technique ad hoc, on a créé les conditions d’implosion de la classe politique. Le maintien de la gratuité aurait permis de mesurer non pas le degré de patriotisme, mais le niveau d’abnégation et de sacrifice des uns et des autres. Les querelles et les empoignades rapportées çà et là autour de la désignation des représentants à cette ALT en sont les exemples édifiants.

A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Lors de la désignation des représentants des 2 sièges alloués à l’ex CFOP, Vision Burkina avait formulé une proposition de rotation des 2 sièges en raison d’un mandat par parti et par an. Ainsi, pour les 3 ans de durée de la transition, on aurait eu 6 partis titulaires et 6 suppléants, qui auraient pu vivre cette expérience parlementaire. Cette proposition d’abord saluée par la majorité des membres présents à la réunion a été rejetée par ceux qui estimaient avoir le droit de détenir un siège plein pendant les 3 années de durée de la transition. Avec la proposition de rotation du siège, chaque région aurait eu droit à 3 représentants, en raison d’un représentant différent par année de législature, avec en prime, moins d’empoignades et de déchirements pour les régions et les partis.

Vision Burkina considère que le MPSR s’est fourvoyé en mettant sur le même pied d’égalité des structures qui n’étaient même pas légalement constituées ni reconnues comme parties prenantes du dialogue politique ou avant l’arrivée du MPSR au pouvoir. En quoi un parti né il y a 6 mois à peine a plus de légitimité ou de mérite que le parti OPA- BF de Me Ambroise Farama, le parti MCR de Tahirou Barry, ou Vision Burkina, qui ont eu le courage d’affronter le candidat du MPP à l’élection présidentielle de novembre 2020 ? Pourtant, contrairement à d’autres partis inconnus de la scène politique ou nouvellement créés, ni OPA-BF, ni le MCR, ni Vision Burkina ne sont représentés à l’assemblée législative de la transition. Il nous paraît donc évident que les critères du choix des députés à l’assemblée n’ont pas été bien définis, signe de la précipitation et de l’impréparation pour la mise en place d’un organe aussi important. Du reste, il nous semble inapproprié que les membres de cette assemblée s’affublent du titre de députés de la transition. En réalité, il serait plus exact de les appeler mandataires de la transition, car un député est élu, et un mandataire est désigné, or aucun d’entre eux n’a été élu par le peuple.

Nous aurions souhaité que l’on s’en tienne au délai de 30 mois proposé par la commission technique pour la durée de la transition. Vision Burkina prend acte du délai finalement porté à 36 mois, en faisant toutefois remarquer qu’il y a manqué 3 mots importants, les mots « délai de rigueur ». Oui, 36 mois, irrévocables, sans aucune possibilité de linga, avec obligation de résultats. S’il est dit que ni le président, ni le premier ministre, ni le président de l’ALT ne sont autorisés à se présenter aux élections, rien n’est écrit sur leur possible soutien à un candidat. Une clarification s’impose sur cette question fondamentale pour des élections à venir, à armes égales, apaisées et transparentes.

Dans la salle de la conférence de presse

Avec la dégradation de la crise sécuritaire et la mal gouvernance, nous avions la forte conviction qu’un candidat de l’opposition aurait pu battre le candidat du MPP et de ses alliés en 2025. L’arrivée des militaires sur la scène politique rebat les cartes, avec certains motifs d’inquiétude, si les militaires ne clarifient pas leur posture pour une neutralité affichée pour la conduite des élections. Et cette neutralité doit commencer maintenant. Oui, l’armée peut aussi voler au secours d’une démocratie en danger. Si pour les élections de 2020 notre proposition de permettre à l’armée d’arbitrer le jeu électoral par la sécurisation, le décompte, la surveillance et la transmission des résultats à la CENI, bureau de vote par bureau de vote, personne n’aurait contesté la transparence du scrutin et le coup d’Etat n’aurait sans doute jamais eu lieu.

Aussi, fort de ce qui précède, nous, président de Vision Burkina – Parti Pacifiste, déplorons le populisme occasionné par le rejet des recommandations du rapport de la commission technique d’élaboration de la charte et de l’agenda de la transition sur la gratuité des mandats des députés de l’assemblée législative de la transition, ainsi que le mode et les quotas de répartition des sièges dans cette assemblée. Et puisqu’il n’est jamais trop tard pour corriger ce qui peut l’être, Vision Burkina formule les propositions suivantes :

  1. L’application intégrale des recommandations de la commission technique chargée d’élaborer une charte et une feuille de route de la transition, et même aller au-delà. Une transition de 18 mois, avec les pleins pouvoirs au Chef de l’Etat, aurait permis de mettre tout le monde d’accord, y compris la communauté internationale, et éviter d’éventuelles sanctions à notre pays. Vision Burkina demande l’annulation pure et simple de l’Assemblée législative de la Transition, la suppression du poste du Premier ministre, et préconise que le Chef de l’Etat gouverne par ordonnances comme cela se fait dans plusieurs pays. C’est plus rapide, plus pragmatique, et plus efficace.
  2. A défaut de pouvoir réviser ce mode de gouvernance et la durée de la transition, et si la mise en place d’une assemblée législative s’impose pour donner un vernis constitutionnel à un régime d’exception, et si la non gratuité des mandats est déjà actée, Vision Burkina préconise alors la rotation des sièges par année de législature afin de permettre une plus grande représentativité des partis et des régions. Par la même occasion, le président du Faso qui dispose de 21 sièges à l’ALT en plus des 13 sièges des forces de défense e de sécurité, pourrait revoir sa liste en intégrant les partis présents aux dernières élections présidentielles.
  3. En lieu et place d’une journée nationale de prière pour la paix, Vision Burkina propose une journée nationale de jeûne et la pénitence sur toute l’étendue du territoire nationale. Cette journée serait observée par tous les Burkinabè, toutes confessions religieuses confondues, et ferait l’objet d’un couvre-feu alimentaire de 5h à 18h30, sous la surveillance stricte des forces de l’ordre. Ce jour-là, les maquis, bars, buvettes et restaurants seront fermés. Seuls les malades, les enfants de moins de 12 ans et les femmes enceintes seront exemptés de cette obligation de jeûner. A notre sens, cette décision pourrait donner de grands résultats, car nous avons la conviction que ce jour-là, et les autres jours suivants, on pourrait observer une certaine accalmie dans les attaques contre notre pays. Jeûner c’est prier mille fois.
  4. Lors de la 2ème phase du dialogue politique en septembre 2021, nous avions proposé de procéder à la restauration des tombes des FDS tombés au front au carré militaire du cimetière de Gounghin, nous sommes heureux que cette proposition ait été rapidement prise en compte car les tombes des militaires ont été effectivement restaurées. Mais nous avions aussi demandé que des stèles commémoratives soient érigées sur les lieux des attaques, en mémoire de nos braves soldats et VDP tombés au combat. Nous réitérons ici notre requête, dès que la situation le permettra, pour que leur sacrifice ne soit jamais oublié, et afin que les enfants puissent se recueillir à ces endroits et dire un jour avec fierté « ici mon père est tombé pour la défense de la patrie ».
  5. La création du commandement des opérations du théâtre national avec pour mission de libérer les territoires sous emprise terroriste, est certes un pas dans la bonne direction, cependant, à notre sens, le commandant des opérations n’arrivera à aucun résultat sans délégation de responsabilités.  En un mot, il importe de donner carte blanche au commandant des opérations du théâtre national, avec un budget conséquent totalement indépendant du budget alloué à l’Etat-major, et de ses procédures de décaissement. L’histoire nous enseigne que c’est avec des mesures non conventionnelles que se gagnent les guerres non conventionnelles. Et l’argent, c’est le nerf de la guerre. Vision Burkina réitère ici sa proposition de financer l’effort de guerre par une taxe volontaire forfaitaire de 100 francs sur chaque bouteille consommée dans un maquis, un bar, une buvette ou un restaurant. Chaque jour, près de 4 millions de bouteilles sortent des brasseries du Burkina, dont la moitié consommée dans les maquis. Un simple calcul permet de mesurer le montant qui pourrait revenir à nos braves soldats et volontaires engagés au front. Il a été prouvé que les taxes volontaires sont mieux acceptées et ont plus d’impact que des prélèvements obligatoires sur les salaires.
  6. La convocation d’un conseil présidentiel de paix et de sécurité réunissant autour du chef de l’Etat tous les candidats de la dernière élection présidentielle serait d’une utilité certaine. Ainsi chaque candidat, qui prétendait avoir la solution pour ramener la paix et la sécurité au Burkina Faso, aurait ainsi l’occasion d’exposer son plan de sortie de crise à l’appréciation du conseil et du chef suprême des Armées.

Nous entendons çà et là des appels à chasser les forces françaises du Burkina et leur remplacement par les Russes. Les forces russes sont aussi des forces étrangères. Pour Vision Burkina, la solution de notre problème sécuritaire ne sera trouvée que chez nous, par nous, entre nous, avec l’aide de partenaires qui ne seraient pas en dehors du continent africain. Vision Burkina en appelle au sens de l’humilité de nos dirigeants pour reconnaître les faiblesses de notre système sécuritaire, et demander de l’aide à ceux qui ont une longue expérience de ce genre de guerre asymétrique. Nous avons un problème africain qui nécessite une réponse africaine, telle est la conviction de Vision Burkina

Nous refusons la diabolisation et la marginalisation de la classe politique dans la conduite de la transition. Mme Monique Yeli Kam, la présidente du MRB n’est pas un monstre ; le président de l’UPC Zephirin Diabré n’est pas un monstre ; Kiemdoro Do Pascal Sessouma de Vision Burkina n’est pas un monstre ; Roch Marc Christian Kaboré n’est pas un monstre. Car devons-nous le rappeler, Roch avait été réélu, dès le 1er tour avec près de 58% des voix. Donc si sa réélection a été une erreur, cette erreur incombe au peuple burkinabè tout entier, à la classe politique, et aux 15,868 associations et Organisations de la société civile qui foisonnent dans notre pays.

Nous nous interrogeons sur l’imbroglio politico juridique sur la légitimation du coup d’Etat, et les récentes décisions du conseil constitutionnel interpellent sur l’avenir de notre démocratie. S’il est dit que force reste toujours à la loi, serait-il maintenant établi que désormais, au Burkina Faso, force fera loi ? A nous de décider si des élections valent encore la peine d’être organisées dans notre pays pour choisir nos dirigeants.

Mesdames et messieurs les responsables et représentants des partis politiques,

Mesdames et messieurs du monde de la presse,

Militants, militantes et sympathisants de Vision Burkina,

Chers compatriotes,

Le Burkina Faso est un pays à géométrie variable, géographiquement et culturellement. Une tradition établie depuis des décennies faisait en sorte que les 2 tenants du pouvoir exécutif ne soient pas du même groupe ethnique. En nommant un premier ministre du même groupe ethnique que lui, quel message a-t-on envoyé aux autres groupes qui, ensemble, forment l’autre moitié de la population de ce pays ? Fidèle à son idéologie pacifiste et à son projet de société basé sur l’égalité et la prise en considération de toutes les composantes ethniques et culturelles du Burkina Faso, Vision Burkina dénonce ce monopole du pouvoir exécutif par un groupe au détriment des autres groupes. La recherche de la paix et de la cohésion sociale passe aussi par l’ouverture aux autres communautés.

Aussi, nous fondant sur l’article 8 de la constitution du Burkina Faso et l’article 3 de l’Acte fondamental du MPSR, qui garantissent la liberté d’expression pour tous les Burkinabè, en conformité avec les valeurs et principes de la charte de la Transition, nous déclarons que nous serons là pour critiquer chaque fois que nécessaire, pour orienter chaque fois que de besoin, afin de sauvegarder ce qui fait de nous ce que nous sommes, la fierté d’être Burkinabè, avec la rage de vivre, en toute liberté, tous ensemble, et de compter dans le concert des nations. Nous sommes le Front du Refus des égarements de la Transition.

Que Dieu protège le Burkina Faso ! Je vous remercie.

Ouagadougou le 14 mai 2022

Kiemdoro Dô Pascal Sessouma

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